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1972 : l'année de la déconstruction (Dolla, Viallat ; Duchêne, Mazeaufroid)

Publié le par MG

Dans les années 1950, un groupe de jeunes artistes et d'étudiants fraîchement sortis de l'école des Beaux-Arts de Lille décide de sortir de la voie formaliste de l'enseignement classique et se constitue en un collectif contestataire. Leur chemin de traverse passe par le 61 de la rue de la Monnaie. C'est là que naît, en 1956, l'Atelier de la Monnaie autour de Roger Frézin, Pierre Olivier, Claude Vallois, Jean-Pierre Dutour, Jean Brisy, Jean Parsy et Lyse Oudoire.

Suivent près de vingt ans d'une épopée créatrice exceptionnelle qui dépassera de loin le cadre de Lille et participera à l'effervescence culturelle de notre pays, dans la seconde moitié du XXe siècle.

Martine Aubry, Préface du catalogue de l'exposition L'Atelier de la Monnaie - Lille artistique 1957-1972, Palais des Beaux-Arts, Lille, Somogy éditions d'art, Paris, 2007.

 

DOLLA

Noël Dolla, Tarlatane, 1971,

tissu, 2000 x 20 cm, collection Fonds régional d'art contemporain Bretagne.

 

L'année de la dernière rencontre entre l'Atelier de la Monnaie et le mouvement Phases s'enrichit de la participation d'un mouvement artistique majeur, Support-Surface, et de son courant dérivé, Textruction.

VIALLAT

Claude Viallat, Sans titre, 1970,

solarisation rouge, 190 x 140 cm, collection Henriette Viallat.

Claude Viallat et Noël Dolla, figures représentatives de ce mouvement, proposent de mettre à plat les éléments constitutifs du tableau que sont le châssis, la toile et les pigments. En prônant la déconstruction matérielle de l'objet peint, ils dégagent la toile de sa traditionnelle structure pour ne présenter que des supports libres que Dolla laisse parfois dérouler sur le sol. La volonté de détacher l'oeuvre de tout contenu narratif ou lyrique et de ne retenir que la matérialité picturale oriente Viallat vers une démarche systématique de reports au pochoir de formes colorées à la fois non naturelles et non géométriques. Ce que donne alors à voir l'artiste n'est autre que la peinture elle-même sans illusion, ni artifice, libre de tout sujet et de toute ossature.

DUCHENE

Gérard Duchêne, Tressage "Déperdition", 1973,

encre sérigraphiée sur toile tressée, bandes agrafées, 380 x 191 cm (partie du triptyque),

musée d'Art moderne, Villeneuve d'Ascq.

C'est avec cette même liberté que Gérard Duchêne et Jean Mazeaufroid conçoivent leur travail au sein du groupe Textruction, ramification artistique et littéraire de Support-Surface. Or, ici, la déconstruction matérielle s'accompagne d'une déstructuration de l'écriture. Sur des toiles libres de grands formats, les phrases apparaissent agressées et éclatées dans leur sémantique. Le procédé de tressage, qui contribue à cette dissociation linguistique, participe néanmoins à une reconstruction textuelle selon une logique qui n'est plus celle de la communication mais de l'expression visuelle.

MAZEAUFROID

Jean Mazeaufroid, Trame / chaîne, 1975,

acrylique sur toile, 165 x 217 cm, collection J.-F. Dubreuil.

Au travers d'expositions et de performances, les membres de Support-Surface et de Textruction recomposent des espaces par des glissements subtils de fonds et de formes et par un vocabulaire pictural élémentaire se déployant dans les lieux.

 

MG - "1972, l'année de la déconstruction" in catalogue de l'exposition L'Atelier de la Monnaie - Lille artistique 1957-1972, Palais des Beaux-Arts, Lille, Somogy éditions d'art, Paris, 2007.

 

 

 

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