In absentia
Dans la couleur suave d'une nuit,
Entre les vrilles de la vigne,
Ô ma douce liqueur de petits fruits,
Offre la torpeur : je m'incline.
Nos corps blancs, frèles sur l'océan d'encre
Emergent des remous de l'envie.
Mon navire mouille en ce milieu l'ancre
Et tangue avec frénésie.
Ton visage s'évapore maintenant
Au profit de champs désolants.
Pourtant, au travers de chants enivrants
J'invoque nos ardeurs d'antan.
Violemment étendu sous ce ciel noir,
Dépourvu de toute raison,
Je récite la dernière oraison.
Reviendras-tu encor ce soir ?
La tombe vermoulue du cimetière
Rappelle hélas ton absence.
Quelle douleur ! La cime altière
Du cyprès aurait-elle un sens ?
M. G. 1990. A Peggy P.